LES SABOTIERS
Très nombreux au 19ème Siècle et dans la 1ère moitié du 20ème, les sabotiers ont quasiment disparu au cours des années 60, avec le développement en milieu rural du port des chaussures et, en particulier, des bottes de caoutchouc.
Au 19ème siècle, les sabotiers vivaient dans la forêt, où ils construisaient des « huttes », constructions précaires et provisoires (ils se déplaçaient au gré des coupes de bois). Isolés par leur mode de vie, ils suscitaient méfiance et crainte dans les communautés villageoises ; ils étaient des marginaux au même titre que les charbonniers et tous ceux qui vivaient dans la forêt. Vers la fin du 19ème siècle, début du 20ème, la vie des sabotiers va commencer à évoluer. Ils vont peu à peu se sédentariser en s’intégrant dans les communautés villageoises, et ceci, plus facilement qu’on n’aurait pu le penser (Témoignage de Joël Pierre, fils de sabotier).
Dans La Vigie, le bulletin paroissial de Saint-Cast, le chanoine François Ribault signale un incendie dans une hutte de sabotier.
» Dans la nuit de dimanche 17 mars 1929 à lundi, des crépitements puis des détonations éveillèrent soudain les habitants de la Touche et du Bourg. Une grande lueur montait dans le ciel calme. Il était minuit quinze. Pourquoi sonnait-on le tocsin ? Il était inutile.
La petite maison en bois de la famille Jézéquel, sabotiers, flambait toute entière, au bord de la ligne de chemin de fer, tout près de la gare de la Touche. Il était impossible d’approcher du brasier dont les flammes montaient toute droite à une grande hauteur. Pas un souffle de vent, aussi les maisons voisines et les bottes de paille stockées à côté n’avaient rien à craindre… »
Hutte de sabotier, route de Matignon Le sabotier au travail à Notre-Dame du Guildo
Le chanoine Ribault s’indigne
« Je courus au feu. Pourquoi sonnait-on le tocsin ? Il était inutile, la petite maison … flambait toute entière. Il était impossible d’approcher…Nous ne pouvions que regarder la petite maison, ce ne fut pas long.
Mais s’il en avait été autrement, si le vent avait soufflé, comme presque toujours chez nous, si la maison se fût trouvée en contact avec les locaux du village, qu’aurions-nous pu faire ? Pas de pompe, ni de seaux. Nous aurions été les témoins impuissants d’un sinistre épouvantable.
On nous organise le service d’eau ; c’est très bien, c’est nécessaire pour une agglomération comme celle de la plage de Saint-Cast, à la saison.
Mais il est une chose plus nécessaire encore, à laquelle, malgré deux avertissements successifs, on semble ne pas songer : qu’on organise dans cette commune une défense contre l’incendie !
On tremble en songeant à ce qui arriverait si, au cours de la saison, le feu éclatait dans l’un de nos grands hôtels ou dans nos églises bondées ! pas de pompe, pas d’organisation, rien…
A Saint-Cast, il n’y a ni pompe, ni pompiers, du moins pour combattre l’incendie, car il faut s’entendre. Autrefois, avant la guerre, quand Saint-Cast recevait un tiers de moins de baigneurs, nous avions une compagnie très bien organisée, dit-on. On acheta une pompe qui doit être par-là, quelque part, mais qui n’est plus sortie de son local depuis combien d’années… Les rats ont mangé les tuyaux et les seaux n’existent plus…L’achat d’une motopompe et l’organisation d’une compagnie s’impose…