Moulins à vent

Toujours placés sur une hauteur, les moulins à vent, sur nos côtes, apparus dès le XIIsiècle, se multiplient à partir du XIXe siècle. Ils servent souvent d’amer pour la navigation. Leur présence est confirmée par les cartes des côtes de Bretagne par Jacques Nicolas Bellini en 1764.

Le métier de meunier se transmet de père en fils et il n’est pas rare de trouver le même nom de famille d’un moulin à l’autre, ce qui lie intimement leur histoire.

Un moulin est épais et trapu pour résister à la violence des vents. Tous les moulins à vent de la région sont dotés de deux portes afin d’éviter les accidents avec les ailes en mouvement. Celles-ci sont réalisées en chêne pour résister aux intempéries. La queue du moulin sert à faire pivoter la toiture et « mettre au vent ».

Le moulin d’Anne

En 1752, Louis le Monnier meurt, écrasé sous la meule du Moulin d’Anne qu’il exploite. Le propriétaire en est Joseph Yves Thibault Hyacinthe de la Rivière, seigneur de Beaucorps et Saint-Cast. Le fils de Louis le Monnier, Jean, également meunier, marié à Jeanne Dufraîche,  ne reprend pas la suite de son père ; il mène déjà le moulin du Chêne (ou Duchêne), situé au carrefour des actuelles rues Tourneuf et de la Ville Orien, qui sert également d’amer pour la navigation (suite à son incendie, il sera remplacé par une tour peinte en blanc, la Tour Blanche).

Après 1752, Louis Renault, fermier et meunier, exploite le moulin d’Anne. Au moment de son rachat par le Duc de Valentinois, Sire de Matignon, un procès-verbal de l’état des lieux est établi, le 22 juillet 1758, qui consigne : «Le rouet est cassé en 2 endroits… la chausseure et les absous sont en très mauvais état… le frein et le marbre sont écarrés… le plancher ne vaut rien… les 2 portes ne sont pas les meilleures…. les meules sont cassées… la toiture est à réparer».

En septembre 1758pendant le combat de Saint-Cast, le moulin d’Anne sert de premier poste d’observation au Duc d’Aiguillon, le second poste étant situé au moulin du Chêne, mené par Jeanne Dufraîche, la veuve de Jean le Monnier décédé en 1756, à l’âge de 32 ans. 

Le 2 floréal de l’an 2 (21 avril 1794), le directoire du district de Lamballe fait procéder, par un expert, François Le Masson, de Pléboulle, à l’estimation des «tournans et moulans» des moulins d’Anne et du Chêne, affermés tous deux par François Dagorne, fils.

En 1833, c’est Jean Rouault et son épouse qui mènent les moulins d’Anne et du Chêne ; le propriétaire en est Jean Vittu, de la Roncière, en Matignon.

En 1845, le meunier des 2 moulins est Jean Robert, originaire de Saint-Potan ainsi que son épouse Jeanne Abbé. Ils les quitteront -en quelle année ?- pour le moulin du Tertre Bellaut. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont au moulin Bellaut en 1848 et qu’ils l’achèteront en 1849 .

En 1848, les Archives municipales attestent que le moulin d‘Anne est aux mains de François Billy et que Jean Billy exploite le moulin du Chêne (il deviendra le 3 octobre 1852 propriétaire du moulin du Tertre Bellaut appelé ensuite moulin Billy, que lui ou ses enfants feront tourner jusqu’en 1898). Qui sont les frères Billy ? Nés à Pluduno, ils ont habité à Matignon et ont appris leur métier de meunier auprès de leur père qu’ils ont suivi à Saint-Enogat et Saint-Lunaire. Ils ont épousé, Jean en 1834 et François en 1835, les sœurs castines Rose et Françoise Péan. Si leurs premiers enfants sont nés en Ille et Vilaine, les actes d’état civil attestent que chaque couple a eu, en 1843, un enfant né à Saint-Cast, lieu de leur résidence.

Le moulin d’Anne broie, en 1848, 36.400 kg de froment et 300 kg d’orge, provenant de Saint-Cast. Les produits manufacturés, 1840 kg de farine de froment et 15 kg de farine d’orge, sont consommés dans la commune. 2 hommes, 1 femme et 3 enfants de moins de 16 ans sont employés à la mouture qui se fait soit à la Grosse ou à la Lyonnaise (on moud sans procéder au blutage et on ensache son et farine), soit à l’Economique ou la Parisienne  (on sépare la farine du son). Le poids final doit être proche du poids initial des matières premières apportées par le laboureur, le déchet ne devant pas dépasser 2 à 3 livres par quintal.

Les meuniers sont souvent accusés de détourner de la farine et les paysans se méfient d’eux.

On ne sait pas jusqu’à quelle date François Billy occupe le moulin d’Anne. Quand il meurt en 1888, à l’âge de 84 ans, son acte de décès porte la mention laboureur.

En 1872, le moulin délabré, situé en bordure du chemin n° 69, est jugé dangereux : sa voilure claquant au vent effraierait les attelages qui déverseraient au fossé plusieurs charrettes. Malgré ses supplications, le dernier meunier, Pierre Houzé, est exproprié contre la somme de 1000 F proposée par le maire, M. Besnard de la Vieuxville qui devient propriétaire du bâtiment et du terrain à l’entour.

En octobre 1874, le moulin est démantelé ; M. de la Vieuxville lui fera même «couper la queue», malgré la désapprobation des Castins.

De nos jours, il reste la bâtisse trapue et circulaire, la légende de la belle meunière et la Complainte du Moulin d’Anne à Saint-Cast. Longue de vingt-deux couplets d’inspiration populaire, elle ne respecte pas tout à fait la vérité historique mais elle a dû servir d’exutoire..

 

Le moulin du Tertre Bellaut ou moulin Billy (ou Bily)

Ce moulin fut construit au XIXe siècle et il ne subsiste aujourd’hui que les murs. Sa toiture était constituée de grosses ardoises de châtaignier, et sa tour, de schiste et de granite.

En 1848, Jean Robert est locataire du moulin qu’il achète en 1849.  Dans l’année, le meunier, aidé de son épouse Jeanne Abbé, y traite environ 35 tonnes de froment pour un salaire journalier d’un franc. Mais les affaires vont mal. Il est procédé à la saisie du moulin par huissier. En 1852, c’est Marie Ballan, veuve de Charles Brion, qui en devient propriétaire. Pour peu de temps puisqu’elle le vend le 3 octobre de cette même année à Jean Billy et son épouse Rose Péan. Le couple gère le moulin un certain nombre d’années, aidé par leur fils Eugène. Suite à une donation-partage, Jean, frère d’Eugène, en hérite en mai 1881 et s’installe comme meunier. Mais quelques mois plus tard, il le vend à son frère Eugène. En octobre 1898, Louis Robert achète le moulin qu’il exploite avec sa soeur Rosalie. Puis il ne cesse de changer de propriétaires dont voici la liste : 1909, Auguste Bour, chirurgien dentiste à Paris ; 1923,  Abel Bergault, pharmacien à Paris ; 1925, Périn, architecte à Paris ; 1931, Georges Normand, agent d’assurances ; 1949, Marie-Ange Perroquet, cultivateur à Saint-Lormel, puis Georges, le fils de Marie-Ange.

 

error: Content is protected !!