Les insolites

Petit clin d’oeil avec cet article écrit par l’abbé François Ribault, recteur de la paroisse de Saint-Cast, et paru dans un numéro de LA VIGIE (journal paroissial) de l’été 1922.

En effet, le recteur François Ribault, se décrivant volontiers comme « recteur-journaliste »,  fait renaître « La Vigie » (fondée en 1914 par M.l’abbé Le Gal), lettre hebdomadaire du Pasteur à ses Fidèles, qui devient la gazette de Saint-Cast et un trait d’union des amis de Saint-Cast. 

La Vigie paraît du 18 juillet 1915 (n°1) au 9 juin 1940 (n° 1181) et son édition s’arrêtera pendant la guerre pour reparaître sous la plume de l’abbé Le Breton le 24 juin 1945 (n°1182).

Généralement composée d’un article de tête sur un sujet d’actualité signé par le recteur, elle fait état des naissances, baptêmes, mariages et enterrements puis de la chronique castine : nouvelles de la plage et des « baigneurs », des absents, des marins ; elle transmet l’écho des abonnés et des actualités nationales et internationales.

La Vigie donne également des nouvelles du pays aux marins, militaires et prisonniers (1914/1918) et sert de relais entre ces derniers et les familles restées au pays.

On y trouve également des poèmes écrits par François Ribault. Et dans un autre style, des « appels » aux dons sous plusieurs formes …   « des amis et bienfaiteurs ».

Le chanoine Ribault est qualifié de littérateur distingué, historien érudit, très bon orateur, homme de talent ambitieux, généreux et omniprésent, aimant à être reconnu.

(extrait de l’ouvrage : personnages célèbres ou anonymes de Saint-Cast Le Guildo)

« Intéressantes découvertes »

Découverte de squelettes humains à Saint-Cast le 22 avril 1920

(source « La Vigie »n° 232 du 25 avril 1920)

« Ce matin, jeudi 22 avril, les ouvriers creusant les fondations du bas-côté gauche de la Chapelle Sainte-Blanche, ont mis à jour trois sépultures anciennes.

A 55 cm en terre, des dalles non taillées recouvrent des cavités creusées dans la pierre. Ces cavités, qui prennent la forme et la dimension d’un corps, renferment le squelette couché mêlé à de la terre qui a dû s’introduire par les infiltrations de pluie.  Jusqu’à présent, on n’a pas encore trouvé ni date, ni aucun document qui puisse indiquer l’origine. Mais il semble bien que ce soit là des sépultures très anciennes qu’il serait intéressant d’étudier ».

Découverte de squelettes humains à Saint-Cast le 22 avril 1920 (suite)

(source :  « La Vigie » n° 233 du 2 mai 1920)

« Ces sépultures anciennes trouvées près de l’antique chapelle de Sainte-Blanche ou Sainte-Gwen, qu’on rétablit en ce moment, renferment trois squelettes bien conservés, deux squelettes d’enfants, un adulte, jeune, et n’ayant qu’un mètre cinquante de taille. Ces squelettes ont pour tombeau, ou plutôt pour cercueil (ils n’en n’ont jamais eu d’autres), la roche même, la pierre même du rocher. Cette roche friable, qui m’a paru pour être du schiste micacé, est creusée pour former de vrais cercueils, plus larges aux épaules qu’aux pieds, et gardant grossièrement comme les cercueils de pierre, dits mérovingiens, les contours d’un corps humain. Des dalles non taillées recouvrent les cavités sépulcrales, et les squelettes sont mêlés à de la terre. A quelle époque peuvent bien remonter ces sépultures ? « that is the question » – On ne peut le dire ; car malheureusement ces loculus ne renferment que des ossements et de la terre. On n’y trouve ni médaille, ni monnaie, ni inscription d’aucune sorte, ni aucune de ces petites hachettes ou « celte », en diorite, en fibrolite, en silex, en jade, ou même en bronze, si communes dans les tombeaux préhistoriques, où elles figurent, croit-on, comme amulettes ou talismans. Il est vrai que la présence de ces squelettes, dans la terre d’une chapelle chrétienne ou du cimetière qui l’entourait, peut paraître une indication. Mais, à la rigueur, les tombes découvertes, le 22 avril, pourraient être antérieures à la construction de la chapelle de Sainte-Blanche, ou même à l’immigration des Bretons chrétiens sur nos côtes d’Armorique. Cela n’est guère probable ».

Découverte de squelettes humains à Saint-Cast le 22 avril 1920 (suite et fin)

(source « La Vigie » n° 234 du 16 mai 1920)

« Quoiqu’il en soit : d’un examen de la principale tombe, examen assez superficiel, faute de temps, que j’ai pu faire le 24 avril, il résulte : que le squelette repose horizontalement sur le dos, dans sa tombe-cercueil, et non replié sur lui-même, comme ceux des cairns du musée de Carnac ; qu’il porte une brisure de la colonne vertébrale, il y a une solution de continuité dans cette colonne ou peut-être même l’absence d’une vertèbre – ses mains sont repliées derrière le dos, et sa bouche, démesurément ouverte, paraît celle d’une personne qui meurt en criant ou même en hurlant. Pas une dent ne lui manque, pas une seule de ses dents n’a même eu un commencement de carie, comme je l’ai souvent observé dans les crânes gallo-romains qui furent trouvés à Corseul, durant mon séjour dans cette localité.

Comme conclusion, on peut dire : que les squelettes de la chapelle de Sainte-Blanche, découverts le 22 avril dernier, n’ont point les caractères connus des pré-historiques ; leurs crânes n’ont ni le front fuyant (dolychocéphalie), ni les mâchoires projetées en avant (prognathisme), ni les arcades sourcilières très accentuées. En un mot, ils n’ont aucun des traits de l’organisation inférieure presque simienne que présentent ordinairement les restes fossiles des races primitives quaternaires ».             signé :  E.T.

 

Deux tremblements de terre à Saint-Cast (1920 et 1927 )

(Source: Vigie du 27 juin 1920 ; texte repris par Pierre Amiot et Vigie du 27 février 1927 ; texte repris par Pierre Amiot)

Dans la nuit du samedi à dimanche 26-27 juin 1920une violente secousse accompagnée d’un  bruit inquiétant réveilla les Castins. C’était une secousse sismique ou tremblement de terre qui se fit également ressentir à Saint-Malo, à Dinan et probablement sur toute notre côte. Il était environ 1 heure du matin. Nous eûmes plus de peur que de mal.

Vendredi 18 février 1927, à 23H15, les aboiements des chiens réveillèrent leurs maîtres, suivis d’un grand bruit venant du nord. Les lits furent agités de secousses courtes, rapides, effrayantes. Les murs, les cloisons, les parquets craquaient. En même temps, il sembla que de lourds trains de fer, ébranlant le sol, passaient dessus, dans un effroyable tintamarre qui s’éloigna vers le sud, pareil encore à une galopade effrénée. Ce tremblement de terre, dans la nuit, fut sinistre à Saint-Cast. Il n’y eut aucun accident et les bruits calmes de la nuit d’hiver reprirent leur cours. Nous devions être, sur la côte, assez proches de la perturbation qui aurait eu son centre dans les îles anglaises.

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