Les kermesses paroissiales de 1918 à 1920
Les kermesses de bienfaisance, organisées par les Castins et la Colonie balnéaire pour financer les écoles privées, avaient lieu, chaque année, un dimanche d’août, de 15h à 19h, dans une prairie où trônait un vieux chêne séculaire. Cet endroit que le recteur-poète appelait selon son inspiration, L’enclos des Mielles ou La Rabine du Vieux-Chêne ou encore La Vallée Ronde létait situé en bordure de l’actuelle rue du Chêne Vert. Les promeneurs qui descendaient du bourg ou montaient des Mielles, pouvaient voir, un après-midi par an, les pavillons et les tentes multicolores qui éclataient dans les feuillages des chênes verts.
Pour préparer cette journée, l’abbé Ribault faisait appel à la générosité personnelle, morale et pécuniaire de tous : paroissiens, cultivateurs, commerçants, estivants qui faisaient des dons en nature aux quêteuses passant de village en village, de villa en villa car la formule du recteur était « Je vends, je n’achète pas ».
Le 18 août 1918, la Vente de charité connut un beau succès. La guerre n’était pas encore terminée mais les signes d’une paix prochaine étaient tangibles. Les visiteurs qui avaient payé un droit d’entrée de 10 centimes profitèrent des attractions : théâtre, pêche à la ligne, Massacre de Boches appelé aussi Jeu de massacre de la Grande Guerre. Les comptoirs proposaient des articles de bazar, de la papeterie, des ouvrages de Dames de l’Ouvroir paroissial (broderies, tricots, napperons…) et des denrées alimentaires (beurre, lard, animaux de basse-cour, légumes, fruits). A La Ferme bretonne, le bon cidre de Saint-Cast surnommé le champagne du Val Saint-Rieux coulait dans les bolées et les faiseuses de crêpes bretonnes, impuissantes à satisfaire l’appétit de leurs clients, les jetaient encore chaudes dans les mains tendues. La Vente à la criée proposa trois produits rares, devenus objets de luxe (sucre, tabac, pétrole) qui atteignirent des sommes superbes. La tombola offrit, en premier prix, une estampe d’Henri Royer et, pour les autres prix, plusieurs peintures d’artistes en villégiature à Saint-Cast.
Le 24 août 1919, le prix d’entrée fixé à 15 centimes fut acquitté par 1 549 visiteurs. Trois grandes tentes de 80 m2, chacune avaient été aimablement prêtées par le comité des fêtes pour abriter les principales attractions et les comptoirs. Les hôteliers avaient mis également leurs salles à la disposition du recteur, en cas de mauvais temps. Il y avait, en plus des stands traditionnels et des grandes attractions (dont le jeu de massacre Têtes de Boches, alors que la guerre était finie), le jeu de fléchettes, le Menuet de nos arrière-grands-mères, danse classique costumée du XVIIIèmesiècle et la vente de poupées bretonnes, alsaciennes et lorraines. La GrandeVente à la Criée proposa des produits encore coûteux tels que sucre, beurre, œufs et volailles.
Le 8 août 1920, les délicieuses réjouissances eurent toujours pour cadre la pelouse du Gros-Chêne. Les attractions étaient encore plus nombreuses. Les visiteurs pouvaient :
La tombola fut tirée le jeudi 12 août, à 16h, à la Baraque-Adrian. Le gros lot fut un portrait exécuté par M. Cappiello, peintre-caricaturiste italien naturalisé français, en villégiature à l’hôtel Royal Bellevue. Parmi les autres lots, une promenade en mer, au Cap Fréhel, offerte par Mr Dupressoir dans son beau yacht Yermé ; ou une journée de pêche au homard, avec, au minimum, un homard et peut-être trois, quatre, voire davantage.
La fête fut réussie, le soleil était de la partie… et pourtant le nombre de visiteurs fut inférieur à celui de l’année précédente. Sans doute la date était-elle trop précoce pour les Baigneurs d’août qui arrivaient à peine et n’avaient pas eu le temps de s’y préparer. Il fut décidé que la kermesse serait fixée, pour les prochaines années, au dimanche suivant le 15 août. Cette date resta immuable pendant d’innombrables années.