Guerre 39/45

Le Combat du Jeudi 3 Août 1944

Voici le récit du combat livré le 3 Août 1944 par la 2ème Section (Section Hamon) des FFI de St. Cast. Ce rapport, établi par le chef de la section, était adressé au commandant Marceau, Chef de l’Etat Major des Forces Françaises de l’Intérieur des Côtes du Nord.

Rapport sur les opérations auxquelles la 2eme section a pris part.

A 11 heures : La Section est sur ses emplacements de combat, à la Croix-Bras (Carrefour de la route de Matignon à Saint-Cast, des Bas Saint Jean au village de la Cour).

Groupe Huguet : En position à 100m au nord-est de la Croix-Bras, surveillant la route et abords vers Saint-Cast jusqu’au passage à niveau.

Groupe Piriou-Coste : en position sur la route Bas Saint-Jean à la Cour… 50m à gauche et à droite de la Croix-Bras.

Une patrouille allemande nous est signalée par coureur (Pierre Huguet). Partie de l’Isle, elle arrive au Bourg et se dirige vers la Gare de la Touche.

Ordre au Groupe Huguet est immédiatement donné : ne tirer que quand cette patrouille sera bien engagée… 3 patrouilleurs allemands sont signalés par ce groupe, arrêtés en position d’observation sur la voie ferrée (passage à niveau).

Ordre est donné au Groupe Pierre de faire un mouvement débordant par le village de la Touche, pour prendre cette patrouille de flanc. Le Chef de Section accompagne le Groupe Pierre. Le Groupe prend position sur le talus du jardin à M. Lamballais. Le Chef de Section aperçoit un Allemand debout sur le passage à niveau, il fait feu. Le Chef de Groupe Pierre fait lui aussi feu. Un Allemand lance une fusée rouge.

Prévoyant le repli de cette patrouille, le Chef de Section ordonne au Groupe Pierre de le suivre. Il prend le Chemin de la Touche, vers le Bourg, traverse la voie ferrée, prend position sur le talus bordant la route Matignon Saint-Cast (en face de chez M. Quinton) et aperçoit 5 Allemands. Ceux-ci se replient baissés et suivent les deux fossés de la route. Le Chef de Section les met en joue et tire. Les Allemands tirent 2 coups de feu, mal dirigés. Le Chef de section tire encore 4 cartouches et n’aperçoit plus rien. Dans ce déplacement, Rabé Célestin a suivi et pris position. Les Allemands ne sont plus en vue. Tout le monde rentre indemne sur les positions de la Section. Il est douze heures.

A 13 heures : Départ d’une patrouille, composée de 6 hommes, du Chef de Groupe Pierre et du Chef de Section. Itinéraire : Village de la Corvée, Ville Orien, Route de la Ville Norme au Tertre Belot. Aucun passage d’Allemands sur le moment. Un civil nous renseigne qu’il n’en est pas passé un seul dans la journée.

A 13h20 :  à l’aller, à proximité de la Ville Orien, début du bombardement. Repérage des points de chute. Le Bourg semble particulièrement atteint, le Village de la Touche, la Source au Chat… Le bombardement continue jusqu’à notre départ de la Ville Norme, pour reprendre quelques coups seulement,  à proximité de la ferme de la Balissonnaie. Retour sur nos positions de combats à la Croix Bras à 14 heures 30.

Le Groupe Huguet et le Groupe Piriou ont reçu l’ordre pendant le bombardement de se replier dans le Bois de la Ville Salou.

De 14h30 à 14h45 : reprise du bombardement. Tous les hommes rentrés de patrouille s’abritent le long du talus. L’agent de liaison détaché du P.C (Pierre Huguet) vient prendre liaison. Ordre lui est donné de faire transmettre aux allemands de la place de Saint-Cast par Mme Puel que dans la nuit nous attendons un fort appui d’aviation.

A 14h45 : à l’issue du bombardement, la patrouille de Pierre Costes se met en position. Le F.M. face à Matignon, 2 fusils et 7 mitraillettes. Deux hommes font le guet face à St Cast. Un guetteur est détaché à 200m en avant du F.M. et surveille le débouché de la route de Matignon vers la ferme du Breil. Ordre est donné aux groupes Huguet et Piriou de rejoindre leur position (Croix Bras).

A 14h50 : le guetteur se replie. Il nous signale l’arrivée d’un camion allemand. Celui-ci débouche du carrefour de la ferme du Breil. Le F.M. le prend sous son feu (hausse 500m). Première rafale le camion s’arrête. Les Allemands s’en dégagent… Le F.M continue à tirer. Le camion avance d’une cinquantaine de mètres… Nouvel arrêt de ce dernier, le F.M. tire toujours. Le camion avance encore d’une vingtaine de mètres… Troisième arrêt. Le camion tire un canon antiaérien. Mise en batterie par les Allemands entre le camion et le talus de la route… Le canon tire quelques rafales sur notre emplacement. Le F.M. réplique ainsi que nos fusils. Arrêt des tirs de la pièce allemande. Les armes légères seules nous prennent sous leurs feux.

A 15h10 : La Section Royer prend position et la résistance ennemie est prise de flanc (flanc gauche). Le groupe emmené par Paris entreprend une action de flanc par la droite. La réduction de la résistance allemande s’accomplit. Le camion réussit à avancer dans la descente du Bois Bras. Il tourne et reprend la direction de Matignon. Quelques Allemands montent à bord et le F.M. du groupe Pierre Costes le reprend sous son feu ainsi que les fusils. De fortes fumées s’en dégagent, le moteur est touché et le véhicule explose au carrefour des Villes Samson. Les Allemands ont laissé dans le creux du Bois Bras leur canon. Il était enrayé…

Pendant cette opération M. Colin, s’étant joint à nous,est tué, et M. Mathis blessé d’une balle et de plusieurs éclats d’obus occasionnés par la pièce allemande.

A Saint-Cast le 5 Août 1944, Le Chef de Section. (Signé: Jean Hamon)

(Ce rapport est contresigné par les chefs de groupes Costes, Piriou, Huguet et le Chef de la Résistance à St.-Cast: Paris)

Effectif de la Deuxième Section :

Chef de Section : Jean HAMON / Chefs  de Groupe : Pierre COSTE, Théo HUGUET, Emmanuel PIRIOU.

DUVAL J. ; BOQUEHO M. ; RABE C. ; RABE J.; NICOLAS G. ; FOUCHE R. ; BLIVET J. ; MACE J. ; MACE G. ; BOISMAIN M. ; TREGUY L ; MATIZ O. ; MERDRIGNAC R. ; SEGUIN L. ; DOUIN L. ; PIRIOU Pierre. ; KERBAOL J. ; DUBOIS A. ; HAMON M. ; PORS P. ; HAMON Joseph. ; DUBOIS J. ; ROCHELET J. ; FROMONT A. : PUEL E. ; GUERRAS L. ; PANHALEUX.

 [Pendant cette journée le jeune Jean Lamballais, agé de 16 ans, piégé dans la ferme du Bois Bras a été lâchement assassiné par les Allemands d’une balle dans la tête.]

Le sentier du Réseau Var

En 1943, entre le 10 octobre et le 23 décembre, 41 combattants contre l’occupation nazie (aviateurs alliés abattus, résistants évacués d’urgence, agents britanniques et de la France Libre, parmi lesquels le général Allard qui deviendra le responsable de l’armée secrète en France, ont emprunté ce chemin : 22 d’entre eux, dans le sens rue des Nouettes – rue du Moulin Billy et 19 dans l’autre sens.

Le scénario variait peu :

Ceux qui venaient accomplir leur mission, étaient débarqués dans la baie de la Fresnaye, sur la plage du Mousselet, par une vedette britannique.

Aristide Sicot, responsable et organisateur des opérations du réseau “VAR ”, les attendait et les conduisait, à pied, jusqu’à la maison de ses parents où ils étaient hébergés et nourris, en attendant le moyen de poursuivre leur route.

Lorsque le moyen de transport était trouvé et que la nuit le permettait, ils empruntaient ce sentier, pour aller de la villa “Les Feux Follets ” située rue des Nouettes, à la rue du Moulin Billy où une camionnette les attendait pour les conduire, toujours accompagnés d’Aristide Sicot (connu sous le pseudonyme de JEANNETTE), vers la gare ferroviaire de Pleslan.

Ceux qui devaient rejoindre l’Angleterre étaient déposés rue du Moulin Billy après avoir été récupérés à la gare.

“JEANNETTE” avait toujours exigé que les passagers soient déposés ou récupérés rue du Moulin Billy afin de protéger au mieux ses parents sur lesquels reposait l’hébergement, en étant plus éloigné de la maison.

Les candidats au départ attendaient aux “ Feux Follets ”qu’une nuit sans lune permette à une vedette de venir les récupérer dans la baie de la Fresnaye.

Le réseau “ VAR”, né à Saint-Cast, a poursuivi son action à Guimaëc (toujours avec JEANNETTE), dans le Finistère, après que, repéré par les allemands, il ait dû organiser la fuite des clandestins des Feux Follets, dans la nuit du 23 décembre 1943 qui fut celle de la dernière opération à Saint-Cast.

Au total, le réseau VAR a permis d’évacuer et de rapatrier, par la mer, 52 personnes : en 1943 par le Mousselet à Saint-Cast et en 1944 par Beg An Fry à Guimaëc.

aller plus loin: Publications ; Famille Sicot dans l’ouvrage « Personnages célèbres ou anonymes de Saint-Cast-Le-Guildo » édité par l’association en 2012.

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