La Colonie Italienne
Entre les deux guerres, une importante colonie italienne s’établit à Saint-Cast, attirée par le développement de la station qui avait un besoin urgent d’ouvriers du bâtiment.
Avec eux, il apportèrent un style nouveau, quasi-méditérranéen : villas avec terrasses sur le toit, baies plus grandes, colonnettes en façade…
Parmi les entrepreneurs italiens, on peut citer les Businelli, les Suzzi, les Maggesi, les Dosso, les Luisetti, les Matiz … qui s’intégrèrent facilement à la population de Saint-Cast, sans compter des peintres en bâtiment comme par exemple Jean Julita, arrivé avec son frère Oreste (qui lui était électricien, et réparateur de postes TSF puis de télévisions).
Citons également Isidore Odorico, (1893/1945), mosaïste français issu d’une dynastie d’artisans italiens installés à Rennes. Reprenant la succession de son père, il réalisa un très grand nombre de décorations en mosaïque dont on peut voir un exemple à l’Hôtel Celtic de Pen Guen.
Plusieurs de ces italiens furent mobilisés en 1940, ou participèrent à la Résistance de Saint-Cast.
Les Italiens (racontés par François Hamon – bulletin municipal n°178 de mai 2007)
Ils étaient maçons.
Ils avaient fait la guerre, la Grande, et s’étaient battus contre le Autrichiens. Mais la vie s’était poursuivie, pendant qu’ils étaient au front, et le peu de travail avait été pris par ceux qui n’étaient pas partis. Les héros revenus n’étaient pas attendus.
C’est un vague cousin qui leur proposa d’émigrer. Il s’était installé à Saint-Cast et construisait des maisons. Les baigneurs de Paris ou du Nord y étaient nombreux à vouloir leurs résidences. Sur la pointe de la Garde, au dessus du Port et dans les Mielles, poussaient à présent, parmi les jeunes pins qu’on y avait plantés, les « Ker » et les « Villas ».
Dans ses courriers, le cousin promettait travail et vie facile. Les quelques maçons du coin ne savaient pas, comme eux, bâtir les villas que les Parisiens adoraient. Et qu’importe le climat breton puisque l’estivant voulait son toit-terrasse ! Façades roses, jaunes ou blanches, mosaïques multicolores, bas-relief de ciment coloré, bacs de fleurs en faux bois et vrai béton armé, les Italiens construisaient à Saint-Cast une nouvelle « Riviera » !
Le cousin leur avait envoyé l’itinéraire à suivre. De Livourne, ils iraient à Milan. Mais pas question de s’y arrêter : Ils ne devaient pas quitter la Gare Centrale, l’une des trois gares milanaises, pour prendre le train de Paris.
Le cousin, dans sa lettre, poursuivait ses recommandations : A Paris, de la Gare de Lyon, ils devaient se rendre à Montparnasse et prendre le Paris-Brest. Descendre à Lamballe. Reprendre un train jusque Plancoët, où il fallait changer encore, pour attraper le train de Saint-Cast. Arrivés là, le cousin leur conseillait de bien faire attention : Il ne fallait pas descendre à la première gare, celle de la Touche, ni à la deuxième, celle de la Tour Blanche, mais au Terminus, celui de l’Isle.
En lisant ces directives, les deux compères étaient à la fois pleins d’espoir, et quelque peu étonnés : « Saint-Cast doit être une très grande ville ! Il y a trois gares ! Autant qu’à Milan ! »